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14/09/2014

Oui mais...

Quand le président se précipite en Irak pour promettre de l’aide, il croit être le premier, en fait il est le premier comme le chien en laisse qui précède son maître, car il est bien certain que si Obama ne fait rien, Hollande fera comme la dernière fois, rien, parce qu’il n’en a pas les moyens. D’un autre coté la participation française dans des frappes aériennes n’est pas nécessaire à Obama et ne changera pas grand chose sauf de nous engager dans la troisième guerre d’Irak, avec les inconvénients suivants : donner une existence officielle à l’Etat Islamique et pousser vers le Djihad des centaines de Français des cités qui vont au choix, rejoindre l’EI, moindre mal, importer le Djihad en France.

Avant de se lancer dans cette aventure il faut être sur que la coalition a des chances d’éliminer l’E.I. donc que nos alliés au sol feront le nécessaire.

On peut croire aux Kurdes qui ont accueilli les minorités persécutées mais l’Armée Irakienne n’a guère donné de preuves de sa valeur si ce n’est pour fournir les djihadistes en armement. Quand aux alliés arabes, pour la plupart sunnites, la sincérité de leur aide peut être mise en doute. Quoiqu’il en soit pour l’Irak les éléments sont connus et il est probable qu’il n’y aurait pas d’opposition du conseil de sécurité de l’ONU.

Oui mais… l’E.I. ne reconnaît pas les frontières et il faudra agir aussi en Syrie.

Si on veut faire des frappes en Syrie, il y a là violation des frontières d’un état souverain et il est certain que la Russie s’y opposera au conseil de sécurité.

Oui mais… on fait en Ukraine, à l’initiative des USA, une querelle d’Allemand à la Russie, on signe avec l’Ukraine des traités d’association, on parle de partenariat avec l’OTAN, on applique des sanctions à la Russie, toutes choses que Poutine ne peut pas accepter. Donc si on veut intervenir en Syrie sans déclencher une crise internationale, il faut laisser Poutine régler le problème ukrainien sans s’en mêler sauf en accord avec la Russie. D’ailleurs Poutine est le seul à même de régler la crise Ukrainienne où l’Europe n’a strictement rien à gagner.

Quand le problème ukrainien aura été réglé il va falloir se trouver des alliés au sol en Syrie pour faire la guerre à l’E.I. et là tout le monde de déclarer qu’il n’est pas question de faire appel à Bachar ; on va renforcer l’  « opposition modérée », l’ennui c’est que l’opposition modérée n’existe pas, il n’existe que des mouvements islamistes et on voit mal s’allier avec eux pour combattre l’E.I. D’autant que toute aide à quelqu’un d’autre que le pouvoir légal Syrien rencontrera l’opposition de la Russie et de l’Iran, les alliés de Bachar.

Donc si on veut vraiment combattre l’E.I., il faut s’arranger officiellement ou officieusement avec Bachar el Assad, ce qui en définitive serait certainement une bonne chose.

Ceci étant la France pourrait à juste titre faire remarquer qu’elle a déjà donné et donne encore, au Mali et en Centre-Afrique et ne pas se mêler de cette affaire où il y a surtout à recevoir des coups, d’autant qu’elle n’en a guère les moyens.

 

 

 

03/06/2014

Sauvagerie en Centrafrique

Désolant : Après un certain calme depuis le début de l’opération Sangaris, les massacres ont repris à Bangui. Après l’attaque le 28 mai par des assaillants venus du PK5, le dernier quartier musulman de Bangui, de l’Eglise Notre-Dame de Fatima et le massacre d’au moins une quinzaine de chrétiens dont l’abbé Paul-Emile Nzalé, parmi les centaines de familles qui s’y abritent, les chrétiens s’en sont pris ensuite à une mosquée.

L’affaire avait commencé par le massacre de trois jeunes musulmans qui se rendaient à un match de football de « réconciliation ». On dit que "Leurs organes sexuels et leur cœur ont été retirés".

Maintenant la colère monte contre les forces internationales, Français de Sangaris et Africains de la Misca, notamment le contingent du Burundi accusé de protéger la population musulmane.

Les troubles s’étendent au reste du pays.

Les Français trop peu nombreux ont cherché d’abord à s’interposer entre les communautés, ils ont cantonné les combattants du Séléka, laissant ainsi les musulmans à la vindicte des anti-balaka, ils sont maintenant vilipendés par une partie de la foule ainsi que Catherine Samba-Panza, la présidente de transition qui est perçue comme leur protégée.

On peut craindre de voir un jour Paris accusé injustement comme au Rwanda, d’avoir favorisé l’épuration confessionnelle en Centrafrique.

Ce qui est navrant c’est qu’en Centrafrique, il n’y avait pas avant l’arrivée du Séléka de conflits interreligieux. Jusqu’à la colonisation française, les populations de cette région servaient de vivier humain aux esclavagistes musulmans venus du Soudan, si bien qu’    elles se convertirent massivement au christianisme. Les Centrafricains de souche sont à 95% chrétiens et animistes, les 5% restant vivant dans l’extrême nord-est du pays.

Les musulmans de Bangui étaient pour la plupart des étrangers surtout des commerçants tchadiens ou maliens qui étaient acceptés.

Le Séléka qui réunit plusieurs tribus nordistes et a aussi reçu le renfort de pillards venus du Tchad et du Soudan, déferla sur Bangui en mars 2013 et le pays sombra dans le chaos. La France intervint début 2014 pour rétablir l’ordre mais avec des moyens insuffisants, 1600 hommes, étant donné la taille du pays plus étendu que la France. Il y a maintenant 2000 français et 5800 soldats africains de la Misca.

C’est en fait un conflit ethnique qui a dégénéré en conflit interconfessionnel dont on ne voit guère l’issue. Peut être à terme une scission ou le dépeçage du pays entre ses voisins.

Pendant ce temps certains s’extasient devant le développement de l’Afrique subsaharienne où le taux de croissance atteint parfois 5 à 7% par an. Mais ce développement est surtout en trompe-l’œil, du à l’accroissement de la production de pétrole et de matières premières, y compris les productions agricoles, au profit principalement de puissances étrangères dont la Chine. Il faut aussi prendre en compte la croissance démographique très élevée dans presque tout le continent. Le développement ne profite qu’à une faible minorité nationale et n’entraine pas de progrès suffisants pour ce qui est des infrastructures, de l’éducation et de la santé et le nombre de conflits interethniques ne fait que croître. Le flot des subsahariens cherchant à gagner l’Europe par les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, par Lampedusa ou par la Grèce n’est pas près de se tarir.

On consultera avec profit l’ « Afrique Réelle » de Bernard Lugan uniquement sur internet.

 

23/05/2014

La Défense jusqu'à la moelle.

En 2013 il y avait eu un Livre Blanc qui définissait les menaces qu’il fallait envisager pour la France avec les moyens pour les combattre, puis une loi de programmation militaire (LPM) fixant un budget annuel de 31 milliards d’euros par an pour la période de 2014 à 2019 et entérinant la baisse des effectifs de 82000 emplois en dix ans. On était à l’os. Rien d’équivalent n’avait été demandé à une autre administration où règnent les syndicats et où on a peur des mouvements sociaux.Les militaires c’est commode, personne ne les défend et ils obéissent, la discipline est dans leurs gènes.

Alors Bercy en liaison avec Matignon, sans en parler à la rue Saint Dominique, voudrait encore gratter 2 milliards par an pendant trois ans.

On veut encore diminuer les moyens alors que nous sommes engagés au Mali dans une intervention qui s’éternise - les combats entre les touaregs et les maliens du sud ont repris -, une intervention en Centrafrique dont on ne voit pas la fin, et qu’on parle d’intervenir au Nigéria contre Boko Haram.

Peut être a-t-on été trop loin, le chef d’état major des armées et les trois chefs d’état major déclarent « ce sera sans nous » et menacent de mettre képis et casquettes sur la table. Ils ne contestent pas au pouvoir politique le droit de prendre une telle décision mais estiment qu’une nouvelle baisse des crédits remettrait en cause le livre blanc, et la loi de programmation militaire, textes pour lesquels ils se sentent engagés auprès de leurs troupes, après avoir eu du mal à les faire accepter.

Le président Hollande, chef des armées et garant de l'indépendance nationale et de l'intégrité du territoire, ne dit rien ne semblant pas conscient de ses responsabilités.

Cela ne nous empêche pas pour autant de jouer les matamores en Syrie et maintenant en Ukraine ce qui doit bien amuser Poutine qui lui réarme.

Certes on peut encore faire le travail en Afrique mais avec des véhicules hors d’âge, des Gazelle vulnérables car non blindées, en mettant en jeu la vie des combattants.

Partout les moyens manquent, l’armée de l’air faute de pièces de rechange cannibalise des Rafale, pour permettre à d’autres de voler. Le taux de disponibilité de ces équipements hors de prix est désastreux et c’est la même chose dans les autres armées. Le ministre de la défense, Le Drian, qui apparemment défend son budget bec et ongles rappelle que les crédits se situent « au seuil de l’acceptabilité sociale » et que l’entrainement des armées est déjà inférieur aux normes internationales.

Dans toute cette affaire on sent un mépris des petits marquis des cabinets pour les militaires, peut être même une satisfaction de mettre au pas ces traineurs de sabre qui sont assez bêtes pour croire encore à la France, à l’honneur, à la parole donnée et à risquer leur vie.

Mais cette fois les industriels de l’armement, Airbus, Dassault, DCNS, MBDA, Nexter, Safran, Thales, montent au créneau signalant les conséquences « dramatiques » que de nouvelles coupes budgétaires auraient sur l’emploi et le coût des matériels en cas d’échelonnement ou de réduction des commandes. Peut être eux seront-ils écoutés.

 

27/12/2013

L'afrique bien partie? Que non.

Le spectacle que nous offre actuellement la Centrafrique : Bangui à feu et à sang, les musulmans et les chrétiens s’étripant à la machette et à la kalach, nous informe de l’état de la majeure partie de l’Afrique noire. Car des troubles il y en a aussi au Mali, au Sud Soudan, au Nigéria, en Somalie, en RDC… C’est le lot commun de l’Afrique, qui n’a pas digéré les conflits tribaux nés de frontières artificielles, une démocratie mal digérée qui donne le pouvoir à l’ethnie la plus nombreuse non à la plus capable, à la quête d’enrichissement immédiat des dirigeants, au népotisme, à la concussion, à une gouvernance incapable des élites, au manque d’infrastructure, à l’insuffisance alimentaire, aux maladies endémiques et surtout à une croissance démographique incontrôlée.

Je suis tombé sur une chronique de Nicolas Baverez qui s’extasie :  « Au moment où la zone euro s'enfonce dans la récession et où la dynamique de rattrapage du monde développé, qui sous-tendait le développement intensif de nombre de pays émergents, tend à ralentir, l'Afrique confirme son décollage. »

Il évoque une croissance de 6,2% en 2013, mais d’où vient, sauf exception, cette croissance ? Surtout de la production de pétrole et des autres matières premières. Mais voit-t-on le développement d’une économie moderne, d’une industrie. La richesse profite principalement aux sociétés souvent étrangères qui dirigent l’exploitation et pour le reste à une minorité de nantis.

Pour que l’Afrique se développe, il faudrait privilégier l’éducation et la formation, investir dans les infrastructures nécessaires, passer de l’intérêt tribal à l’intérêt national et surtout contrôler la démographie : la population devrait passer de 860 millions à 1,8 milliard d’habitants en 2050. Malgré des possibilités évidentes mais pas exploitées, l’Afrique est en de nombreux endroits en insuffisance alimentaire, comment pourra-t-elle nourrir ce surcroit de population ? La mortalité infantile a diminué par suite d’une meilleure hygiène, de la vaccination, mais le nombre des naissances est maintenant excessif et  incontrôlé. Que vont faire tous ces jeunes en surnombre, ils vont chercher à émigrer surtout vers l’Europe comme déjà actuellement, en passant par Lampedusa, Gibraltar, les enclaves espagnoles ou l’Europe de l’est. Ca a déjà commencé.

Les conflits de la Centrafrique devraient servir à l’Europe d’avertissement.

 

18/01/2013

OTAN delenda est

Mon article "Il faut dissoudre l'Otan" paru dans le tribune de la Revue Défense Nationale avait provoqué une réaction à laquelle j'ai répondu dans la RDN

 

 Ma tribune « Il faut dissoudre l’Otan » a suscité la réaction de Guillaume Lasconjarias dans la Tribune N°298 « Le rapport Védrine, l’Otan et la France », j’en suis heureux quoiqu’il ne soit pas d’accord. Je me garderai de faire remarquer que comme chercheur au collège de défense de l’Otan, il est un peu juge et partie, passons. En plus de Caton l’Ancien, il se réfère au rapport d’Hubert Védrine sur le retour de la France dans la structure militaire. Je résumerai un peu schématiquement ce rapport : « Ca n’a servi à rien de regagner l’Otan mais on ne peut pas quand même la quitter maintenant ».

De toutes façons, ce n’était pas l’objet de ma tribune qui suggérait la dissolution pure et simple de l’Otan, pas forcément de l’Alliance atlantique.

Je ne vois pas en quoi, l’Otan serait le « thermomètre » de l’impuissance de l’Europe, il en serait plutôt la béquille dont il convient maintenant de se passer. Je ne nie nullement que l’Europe soit responsable de «  la décrépitude (de ses) outils de défense et même (de la) pensée de défense européenne », diagnostic sévère mais fondé.

J’aimerais que le Président du Conseil européen aille trouver le Président des Etats Unis et lui tienne à peu près ce langage : « merci de nous avoir protégés du danger soviétique mais maintenant cette menace a disparu et les 500 millions d’Européens entendent tourner la page de la guerre froide et assurer seuls leur défense et celle de leurs intérêts. Nous vous voyons vous éloigner vers l’Asie et le Pacifique et nous ne voulons pas vous y suivre. Restons amis, alliés mais dorénavant sachez que nous entendons reprendre en main notre défense »

Bien sur cela demandera effort, mais si nous ne le faisons pas nous resterons des satellites et des mercenaires des Américains entrainés dans des conflits qui ne sont pas les nôtres.

La Serbie, l’Irak, l’Afghanistan en quoi étions nous impliqués dans ces guerres que pourtant nous avons faites même sur notre sol ? Bien sur il y a la Libye où nous n’aurions peut-être pas pu gagner sans l’Otan, c’est un excellent révélateur de notre impuissance et des efforts à faire. Mais fallait-il aller en Libye ?

La France est actuellement empêtrée dans des conflits africains, le Mali, la Centrafrique où nous avons ressortissants et intérêts, nous avons même huit otages en Afrique. En quoi l’Otan nous aide-t-il ? Sans l’Otan nous pourrions plus probablement obtenir des pays européens ce qui nous fait défaut.

Sans l’Otan les pays européens seront contraints à réfléchir entre eux sans compter sur une aide extérieure, à mettre au point les structures nécessaires, à partager et à mutualiser, à choisir et à réaliser les matériels et les armements dont ils ont réellement besoin ; l’industrie d’armement européenne est capable de réaliser la totalité de ces matériels.

Probablement faudra-t-il que les pays européens consacrent plus à leur défense mais ils le feront pour eux mêmes, pour la défense de leurs intérêts et non dans le cadre d’une alliance dont ils ne sont que les mercenaires. Cessons de nous battre pour autrui. Accessoirement nous pourrons aussi nous rapprocher de la Russie qui ne verra plus la défense européenne comme une menace.