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30/06/2015

Je ne joue pas avec un Grec 2

 

Les évènements actuels m’incitent à rediffuser le texte que j’avais publié le 28 février 2012 dont on pourra constater qu’il n’a rien perdu de sa pertinence.

 

 

Je ne joue pas avec un Grec

 

Avant d’admettre la Grèce dans la zone Euro en 2001, il aurait fallu lire « la Grèce contemporaine» d’ Edmond About parue en 1863.

Rappelons que jusqu’en 1821, la Grèce était sous domination Ottomane quand elle se révolta. Après l’intervention de la Russie, de l’Angleterre et de la France qui furent appelées « puissances protectrices » la Grèce fut créée en 1830 par la Conférence de Londres.

A la suite d’un voyage en 1852, voilà ce qu’écrit Edmond About dans son récit au chapitre «Les finances » :

« Le régime financier de la Grèce est tellement extraordinaire et ressemble si peu au nôtre, que je crois nécessaire (…) de placer ici quelques observations générales.

La Grèce est le seul exemple connu d’un pays vivant en pleine banqueroute depuis le jour de sa naissance…

…Tous les budgets, depuis le premier, jusqu’au dernier, sont en déficit…

…Il a fallu que les puissances protectrices de la Grèce garantissent sa solvabilité pour qu’elle négociât un emprunt à l’extérieur.

Les ressources fournies par cet emprunt ont été gaspillées par le gouvernement sans aucun fruit pour le pays ; et une fois l’argent dépensé, il a fallu que les garants, par pure bienveillance, en servissent les intérêts : la Grèce ne pouvait point les payer…

…Depuis que l’Etat s’est chargé lui-même de percevoir l’impôt, les frais de perception sont plus considérables, et les revenus sont à peine augmentés. Les contribuables (…) ne payent pas. »

Avouez que c’est extraordinaire, rien n’a changé pas même l’évocation des malversations de l’Etat :

« C’est pourquoi les ministres des finances (…) faisaient deux budgets des recettes : l’un, le budget d’exercice, indiquait les sommes que le gouvernement devrait recevoir dans l’année (…) l ‘autre le budget de gestion indiquait ce qu’il espérait recevoir. »

En 2001, on aurait du se méfier avant d’accepter la Grèce dans la zone Euro, d’autant qu’il y avait aussi la célèbre phrase de Marius :« Je ne joue pas avec un Grec ; siou pas plus fada qué tu, sas ! Foou pas mi prendré per un aoutré »

 

23/05/2014

La Défense jusqu'à la moelle.

En 2013 il y avait eu un Livre Blanc qui définissait les menaces qu’il fallait envisager pour la France avec les moyens pour les combattre, puis une loi de programmation militaire (LPM) fixant un budget annuel de 31 milliards d’euros par an pour la période de 2014 à 2019 et entérinant la baisse des effectifs de 82000 emplois en dix ans. On était à l’os. Rien d’équivalent n’avait été demandé à une autre administration où règnent les syndicats et où on a peur des mouvements sociaux.Les militaires c’est commode, personne ne les défend et ils obéissent, la discipline est dans leurs gènes.

Alors Bercy en liaison avec Matignon, sans en parler à la rue Saint Dominique, voudrait encore gratter 2 milliards par an pendant trois ans.

On veut encore diminuer les moyens alors que nous sommes engagés au Mali dans une intervention qui s’éternise - les combats entre les touaregs et les maliens du sud ont repris -, une intervention en Centrafrique dont on ne voit pas la fin, et qu’on parle d’intervenir au Nigéria contre Boko Haram.

Peut être a-t-on été trop loin, le chef d’état major des armées et les trois chefs d’état major déclarent « ce sera sans nous » et menacent de mettre képis et casquettes sur la table. Ils ne contestent pas au pouvoir politique le droit de prendre une telle décision mais estiment qu’une nouvelle baisse des crédits remettrait en cause le livre blanc, et la loi de programmation militaire, textes pour lesquels ils se sentent engagés auprès de leurs troupes, après avoir eu du mal à les faire accepter.

Le président Hollande, chef des armées et garant de l'indépendance nationale et de l'intégrité du territoire, ne dit rien ne semblant pas conscient de ses responsabilités.

Cela ne nous empêche pas pour autant de jouer les matamores en Syrie et maintenant en Ukraine ce qui doit bien amuser Poutine qui lui réarme.

Certes on peut encore faire le travail en Afrique mais avec des véhicules hors d’âge, des Gazelle vulnérables car non blindées, en mettant en jeu la vie des combattants.

Partout les moyens manquent, l’armée de l’air faute de pièces de rechange cannibalise des Rafale, pour permettre à d’autres de voler. Le taux de disponibilité de ces équipements hors de prix est désastreux et c’est la même chose dans les autres armées. Le ministre de la défense, Le Drian, qui apparemment défend son budget bec et ongles rappelle que les crédits se situent « au seuil de l’acceptabilité sociale » et que l’entrainement des armées est déjà inférieur aux normes internationales.

Dans toute cette affaire on sent un mépris des petits marquis des cabinets pour les militaires, peut être même une satisfaction de mettre au pas ces traineurs de sabre qui sont assez bêtes pour croire encore à la France, à l’honneur, à la parole donnée et à risquer leur vie.

Mais cette fois les industriels de l’armement, Airbus, Dassault, DCNS, MBDA, Nexter, Safran, Thales, montent au créneau signalant les conséquences « dramatiques » que de nouvelles coupes budgétaires auraient sur l’emploi et le coût des matériels en cas d’échelonnement ou de réduction des commandes. Peut être eux seront-ils écoutés.