Google Analytics

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/08/2014

Le retour des "tyrans"

Si j’en crois Bernard Lugan, toujours bien renseigné sur la chose Africaine, le seul capable de reconstituer le système d’alliance tribale qui existait en Libye du temps du colonel Kadhafi et qui avait donné un minimum de cohésion à un pays en voie de somalisation, est Seif al-Islam le fils du colonel Kadhafi.

La stratégie des salafistes, des Frères musulmans et du Qatar est désormais claire: faire de la Libye une base de déstabilisation régionale.

L’Egypte et l’Algérie sont directement menacées, au Sud, le Mali, le Niger et le Tchad vont automatiquement subir la contagion de la situation libyenne.

Le processus de déstabilisation de la Libye a été très largement pensé et supporté par le Qatar qui, dans un premier temps, a utilisé Al-Jazira pour diaboliser le régime Kadhafi. Le bras armé de cet insatiable et arrogant petit émirat fut Nicolas Sarkozy qui, subverti par BHL, imposa l'intervention internationale en reprenant à son compte les mensonges d'Al-Jazira au sujet d'une menace inventée sur les populations de Benghazi.

Osera-t-on faire appel au fils du colonel seul capable de reconstruire le système d’alliances tribales qui prévalait du temps de son père ?

Actuellement détenu avec des égards par les miliciens berbères de Zenten qui constituent le fer de lance des forces anti-islamistes en Tripolitaine, il est soutenu par les Warfallah, la principale tribu de Tripolitaine, par les tribus de la région de Syrte, par sa propre tribu et il pourrait l'être également par les Barasa, la tribu royale de Cyrénaïque, sa mère étant Barasa. Autour de lui pourrait être refondée l'alchimie politico-tribale, le pacte social tribal de Libye.

Parallèlement il semble que Bachar ai-Assad « le dictateur syrien », le « génocidaire de son peuple », commence à apparaître comme le recours contre les djihadistes de l’Etat Islamique soutenu lui aussi par le Qatar. Walid al-Moualem le ministre des affaires étrangères syrien a déclaré que son pays était prêt à coopérer avec n’importe quel pays combattant les islamistes y compris les Etats-Unis et la Grande Bretagne.

Il est vrai que Bachar al-Assad dont on ne parle plus guère, est sur le point de l’emporter. Plus de trois ans après le début d’un conflit qui aurait fait quelque 190 000 morts, ses forces ont reconquis la plus grande partie des territoires contrôlés par les rebelles de l’Armée Syrienne Libre. L’Etat Islamique contrôlerait encore un tiers de la Syrie dans le nord et l’est du pays en plus de ce qu’il a conquis en Irak. Bachar el-Assad commence à apparaître comme un interlocuteur nécessaire.

Voilà qui ferait de la peine à tous les « va-t-en guerre » qui voulaient traduire Bachar devant la justice internationale.

On peut cependant craindre qu’il faille un certain temps pour en revenir à la Realpolitik, au moins le temps de régler le contentieux ukrainien avec la Russie dont la Syrie est l’indéfectible allié.

 

08/12/2013

Saint Madiba priez pour nous

A part quelques mal-pensants comme Bernard Lugan spécialiste de la question, mais qu’on ne cite jamais,  l’univers entier communie dans le souvenir de Nelson Mandela dit Madiba ou Tata. Il faudrait quand même relativiser.

 Voilà ce que Lugan écrit :

 «Né le 18 juillet 1918 dans l’ancien Transkei, mort le 5 décembre 2013, Nelson Mandela ne ressemblait pas à la pieuse image que le politiquement correct planétaire donne aujourd’hui de lui. Par delà les émois lénifiants et les hommages hypocrites, il importe de ne jamais perdre de vue les éléments suivants : 

Aristocrate xhosa issu de la lignée royale des Thembu, Nelson Mandela n’était pas un «pauvre noir opprimé ». Éduqué à l’européenne par des missionnaires méthodistes, il commença ses études supérieures à Fort Hare, université destinée aux enfants des élites noires, avant de les achever à Witwatersrand, au Transvaal, au coeur de ce qui était alors le « pays boer ». Il s’installa ensuite comme avocat à Johannesburg.

Il n’était pas non plus ce gentil réformiste que la mièvrerie médiatique se plait à dépeindre en « archange de la paix » luttant pour les droits de l’homme, tel un nouveau Gandhi ou un nouveau Martin Luther King. Nelson Mandela fut en effet et avant tout un révolutionnaire, un combattant, un militant qui mit « sa peau au bout de ses idées », n’hésitant pas à faire couler le sang des autres et à risquer le sien.

Il fut ainsi l’un des fondateurs de l’Umkonto We Sizwe, « le fer de lance de la nation », aile militaire de l’ANC, qu’il co-dirigea avec le communiste Joe Slovo, planifiant et coordonnant plus de 200 attentats et sabotages pour lesquels il fut condamné à la prison à vie.

Il n’était pas davantage l’homme qui permit une transmission pacifique du pouvoir de la «minorité blanche » à la « majorité noire », évitant ainsi un bain de sang à l’Afrique du Sud. La vérité est qu’il fut hissé au pouvoir par un président De Klerk appliquant à la lettre le plan de règlement global de la question de l’Afrique australe décidé par Washington. Trahissant toutes les promesses faites à son peuple, ce dernier :

-désintégra une armée sud-africaine que l’ANC n’était pas en mesure d’affronter,

-empêcha la réalisation d’un État multiracial décentralisé, alternative fédérale au jacobinisme marxiste et dogmatique de l’ANC,

-torpilla les négociations secrètes menées entre Thabo Mbeki et les généraux sud-africains, négociations qui portaient sur la reconnaissance par l’ANC d’un Volkstaat en échange de l’abandon de l’option militaire par le général Viljoen.

Nelson Mandela n’a pas permis aux fontaines sud-africaines de laisser couler le lait et le miel car l’échec économique est aujourd’hui total. Selon le Rapport Économique sur l’Afrique pour l’année 2013, rédigé par la Commission économique de l’Afrique (ONU) et l’Union africaine, pour la période 2008-2012, l’Afrique du Sud s’est ainsi classée parmi les 5 pays « les moins performants » du continent sur la base de la croissance moyenne annuelle, devançant à peine les Comores, Madagascar, le Soudan et le Swaziland .

Le chômage touchait selon les chiffres officiels 25,6% de la population active au second trimestre 2013, mais en réalité environ 40% des actifs. Quant au revenu de la tranche la plus démunie de la population noire, soit plus de 40% des Sud-africains, il est aujourd’hui inférieur de près de 50% à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994. En 2013, près de 17 millions de Noirs sur une population de 51 millions d’habitants, ne survécurent que grâce aux aides sociales, ou Social Grant, qui leur garantit le minimum vital.

Nelson Mandela a également échoué politiquement car l’ANC connaît de graves tensions multiformes entre Xhosa et Zulu, entre doctrinaires post marxistes et « gestionnaires » capitalistes, entre africanistes et partisans d’une ligne « multiraciale ». Un conflit de génération oppose également la vieille garde composée de « Black Englishmen», aux jeunes loups qui prônent une « libération raciale » et la spoliation des fermiers blancs, comme au Zimbabwe.

Nelson Mandela n’a pas davantage pacifié l’Afrique du Sud, pays aujourd’hui livré à la loi de la jungle avec une moyenne de 43 meurtres quotidiens.

Nelson Mandela n’a pas apaisé les rapports interraciaux. Ainsi, entre 1970 et 1994, en 24 ans, alors que l'ANC était "en guerre" contre le « gouvernement blanc », une soixantaine de fermiers blancs furent tués. Depuis avril 1994, date de l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela, plus de 2000 fermiers blancs ont été massacrés dans l’indifférence la plus totale des médias européens. Enfin, le mythe de la « nation arc-en-ciel » s’est brisé sur les réalités régionales et ethno-raciales, le pays étant plus divisé et plus cloisonné que jamais, phénomène qui apparaît au grand jour lors de chaque élection à l’occasion desquelles le vote est clairement « racial », les Noirs votant pour l’ANC, les Blancs et les métis pour l’Alliance démocratique.

En moins de deux décennies, Nelson Mandela, président de la République du 10 mai 1994 au 14 juin 1999, puis ses successeurs, Thabo Mbeki (1999-2008) et Jacob Zuma (depuis 2009), ont transformé un pays qui fut un temps une excroissance de l’Europe à l’extrémité australe du continent africain, en un État du « tiers-monde » dérivant dans un océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violences, réalité en partie masquée par quelques secteurs ultraperformants, mais de plus en plus réduits, le plus souvent dirigés par des Blancs.

Pouvait-il en être autrement quand l’idéologie officielle repose sur ce refus du réel qu’est le mythe de la « nation arc-en-ciel » ? Ce « miroir aux alouettes » destiné à la niaiserie occidentale interdit en effet de voir que l’Afrique du Sud ne constitue pas une Nation mais une mosaïque de peuples rassemblés par le colonisateur britannique, peuples dont les références culturelles sont étrangères, et même souvent irréductibles, les unes aux autres.

Le culte planétaire quasi religieux aujourd’hui rendu à Nelson Mandela, le dithyrambe outrancier chanté par des hommes politiques opportunistes et des journalistes incultes ou formatés ne changeront rien à cette réalité. »


Bernard Lugan publie "l'Afrique Réelle" mensuel sur internet.