29/11/2012
Le facétieux, la brute et le truand
Je ne peux me priver du plaisir de reproduire la chronique de Philippe Randa, tellement elle me semble juste.
« Mêmes les pires opposants de l’UMP, mêmes ses ennemis les plus déclarés – de la gauche extrême à la droite très radicale en passant pas le centre tout mou ou trop alcoolisé –, mêmes les voyant(e)s les plus renommé(e)s – de la très médiatique Élisabeth Tessier au plus exotique Voyant Médium Africain de grande compétence, M. Mamadou Kisétousurtou lui-même présentement – n’avaient prévu de tels ubuesques développements à la crise de ce parti.
Qui pourrait encore douter que lorsque Jupiter veut perdre certains, il met le paquet pour les rendre raides dingues ?
Implosera, implosera pas, les paris sont ouverts quant à l’avenir de l’UMP. Elle en prend certes le chemin depuis dix jours, mais pourquoi les miracles n’existeraient-ils pas – on en parle tant ! – et l’adage populaire le sait bien qu’il y a aussi un Bon Dieu pour la canaille, fut-elle gaullo-giscardo-chiraquo-sarkozyste.
À défaut de gloser sur l’avenir de la peut-être provisoire principale formation d’opposition et des responsabilités des uns et des autres dans la tempête qui l’emporte actuellement, s’imposent toutefois quelques remarques subsidiaires…
Tout d’abord sur l’honnêteté du vote… Jean-François Copé et ses partisans sont accusés par François Fillon et les siens d’avoir faussé les résultats : bourrés les urnes, multipliés les fausses procurations, empêchés les vérifications, soutenus l’insoutenable, opérés tels de grands voyous, ainsi que le rival malheureux du député-Maire de Meaux n’a pas manqué, si brutalement, de le faire remarquer : Les copéistes ne seraient rien d’autres que des maffieux.
Le hic est que si rien ne prouve que le vote a été parfaitement régulier, rien ne prouve non plus qu’il ne l’ait pas été et que s’il y a eut des irrégularités, qu’elles aient été à sens unique, voire même qu’elles puissent inverser le résultat final… Oui, mais…
Mais dans l’opinion publique, fortement influencée comme d’habitude par la quasi-totalité des médias, il est désormais entendu que cette « élection pour tous » comme il en est des mariages du même nom, a fait de Jean-François Copé le roi de la tromperie et de François Fillon la reine des cocues.
Certes, les têtes de fourbe de service du premier et de chien battu chronique du second pourraient légitimer une telle conviction… dans l’esprit de ceux qui se laisseraient aller au grave délit de discriminations physiques et loin de nous une telle pensée, n’est-ce pas ? Enfin, pas si loin…
Autre argument largement évoqué par ceux qui hurlent à la fraude : il existe une preuve irréfutable de la victoire de François Fillon, soit l’unanimité des sondages d’avant les élections accordant une confortable avance des intentions des votes en faveur de l’ancien Premier ministre. À les entendre, le vote en lui-même était d’ailleurs superflu et cela aurait évité les déboires actuels de ce parti… La vérité dans les sondages comme d’autres la trouvent dans le vin, en quelque sorte.
Faisons remarquer aux partisans d’une telle procédure simplifiée de désignation des vainqueurs qu’il n’est toutefois guère certain qu’au prix où les Instituts professionnels de la chose facturent leurs prestations, les candidats eussent faits de notoires économies… ni que la fiabilité des résultats proclamés n’aient été tout à fait exempt de légitime suspicion.
Enfin, ne boudons pas notre plaisir : si quelques commentateurs ont tout de même rappelés comment les leaders de l’UMP s’étaient finement gaussés des socialistes, à l’époque du congrès de Reims et de la désignation suspecte de leur secrétaire général, quasiment aucun n’a fait la comparaison avec le congrès de Tours du Front national, voilà deux ans… Marine Le Pen y avait alors été élue présidente face à un Bruno Gollnisch qui l’avait félicité en reconnaissant – en interne comme en externe – que l’élection avait été honnête.
Concluons donc avec la proposition publiée cette semaine par ce facétieux bon samaritain, ex-plus jeune doyen de France à l’Université Jean Moulin - Lyon 3 :
« Communiqué de Bruno Gollnisch, député européen, ancien candidat à la Présidence du Front National.
Bien qu’ayant récemment quitté l’enseignement, je suis disponible pour des leçons particulières, par exemple à l’attention de M. Fillon ? ou de M. Copé ?
Leçons dont le thème pourrait être : “Comment perdre une campagne interne avec élégance et sans nuire à l’unité de sa formation politique”.
Discrétion assurée-Honoraires modestes. »
Retrouvez cette chronique sur le site www.francephi.com, « Espace Philippe Randa »
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24/11/2012
Mali:L'indécision française peut-elle déboucher sur la création d’un « Sahélistan » ?
Nous avons plusieurs fois évoqué la situation au Mali et la nécessité pour la France de ne pas laisser s’y installer un foyer terroriste sous la coupe de AQMI et des islamistes djihadistes. Bernard Lugan vient de publier dans son blog son analyse de la question.
« Au mois de janvier 2012, au Mali, la résurgence d’une crise née au moment des indépendances, imposait de fixer l’abcès afin d’éviter sa dissémination et pour ensuite le traiter en profondeur à travers trois volets :
- Politique, en prenant en compte la légitime revendication des populations nordistes, notamment celle des Touareg,
- Diplomatique, en faisant comprendre à l’Algérie que si ses intérêts régionaux n’étaient à l’évidence pas ceux de la France, les nôtres ne s’effaceraient pas devant les siens,
- Militaire, en appuyant les Touareg contre les groupes islamiques qui, à l’époque, totalisaient moins de 300 combattants qui avaient commis l’erreur de sortir de la clandestinité désertique pour se rassembler à Gao et à Tombouctou.
Au lieu de cela, dans la plus totale indécision doublée d’un manque absolu de vision géostratégique, la France :
- S’est réfugiée à l’abri du principe de l’intangibilité des frontières,
- A cédé devant les exigences algériennes de non intervention,
- A camouflé sa pusillanimité derrière l’argument d’une « action » de la CEDEAO, ce «machin », ce «volapuk », cette tour de Babel, dont l’efficacité militaire relève de la méthode Coué,
- A laissé les islamistes liquider militairement les Touareg.
Le résultat de cette addition de démissions décisionnelles est qu’un incendie limité pouvant être rapidement éteint, notamment au moyen d’une de ces opérations « discrètes » que nos forces savent encore si bien mener, est aujourd’hui devenu un foyer régional de déstabilisation. En effet :
1) Le Mnla ayant été militairement défait et repoussé vers la frontière algérienne, les islamistes qui ne risquent plus d’être pris à revers sur leur flanc nord ont désormais toute la profondeur saharienne pour manoeuvrer. Quant à leur flanc ouest, il semble également s’ouvrir car au sein des tribus arabes de Mauritanie, certains, de plus en plus nombreux, commencent à se poser des questions…
2) Sur le flanc oriental la situation leur devient également de plus en plus favorable car le chaos en retour se fait sentir en Libye où tout le sud du pays est mûr pour devenir un nouveau Mali. Quant au sud de la Tunisie, la contamination y a largement commencé.
3) La contagion n’est plus qu’une question de temps au Tchad et au Darfour cependant qu’un continuum fondamentaliste est en passe de s’établir avec les islamistes de Boko Haram du nord Nigeria
Ainsi donc, le « Sahélistan », fantasme il y a encore quelques mois, devient-il peu à peu réalité. L’une de ses forces est qu’il s’agit d’une résurgence historique ramenant directement aux jihad sahéliens du XIX° siècle qui enflammèrent la totalité de la région depuis le Soudan à l’Est jusqu’au Sénégal à l’Ouest. Or, l’islamisme sahélien de 2012 s’abreuve à cette « fontaine de rêve » fermée par la colonisation. Comment cette réalité inscrite dans la longue durée peut-elle être comprise par des journalistes ou des politiciens esclaves de l’immédiateté et de leur inculture ? Comment pourrait-elle l’être par ces «africanistes » élyséens dont la principale activité semble être de torpiller les informations que les militaires font « remonter » depuis le terrain ?
Dans le Sahel, au coeur de ce qui fut notre « pré carré », ceux qui inspirent la politique de la France ont donc laissé s’écrire le même scénario que celui que nous avons connu dans la région des Grands Lacs et qui peut être exposé en quatre points :
1) Une erreur d’analyse reposant sur la priorité donnée aux postulats idéologiques aux dépens des réalités géographiques, anthropologiques et historiques.
2) L’absence de toute véritable stratégie de défense.
3) Le tropisme de l’abandon de nos alliés ou amis.
4) La place laissée libre à des acteurs extérieurs. Dans le cas présent, l’Algérie et les Etats-Unis qui attendent le moment propice pour intervenir, mais à leur manière. Les conséquences de l’incompétence hexagonale seront alors camouflées sous l’alibi facile de «complot anglo-saxon » contre les intérêts français...
Alors que tout ce qui se passe dans la zone concernée nous est connu, alors que nous savons tout, et au-delà, de ceux qui la déstabilisent, alors que nous y disposons de tous les réseaux utiles, alors enfin que, parfaitement immergées, nos forces auraient pu rapidement « régler » le problème, l’Elysée a laissé la situation lui échapper.
Faut-il s’en étonner quand la tête de l’Etat dodeline entre indécision et repentance ? »
Bernard Lugan 23/11/12.
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23/11/2012
Israël et le Hamas.
J’avoue et c’est certainement une mauvaise pensée, ne pas voir grande différence entre le comportement d’al-Assad vis à vis d’une opposition largement suscitée et importée et celui de Netanyahou vis à vis du Hamas dans la bande de Gaza.
Dans les deux cas nous avons affaire à des communautés, les Alaouites et les Juifs, qui se sentent menacées dans leur existence et se battent le dos à la mer.
La différence est que al-Assad compte peu de soutiens et est condamné par la communauté internationale qui voudrait sa chute tandis que Netanyahou bénéficie du soutien de l’ensemble des pays occidentaux, à commencer par les Etats Unis.
Mais les actions de l’un et de l’autre sont du même ordre et Israël dispose de moyens sans commune mesure avec ceux du Hamas tandis qu’en Syrie la partie est plus équilibrée.
Il est quand même étonnant de voir que la communauté mondiale supporte sans maugréer des assassinats ciblés et des bombardements sans rapport avec les dégats causés par les roquettes du Hamas. Il n’est que de voir les rapports des pertes entre les parties, cent cinquante cinq victimes à Gaza dont beaucoup de civils, cinq en Israël.
Bien sur on peut dire qu’Israël est agressé : quand on voit le blocus auquel est soumis Gaza on peut dire aussi que ce n’est vrai qu’en partie.
Ce qui est quand même étonnant dans cette affaire c’est de voir Israël accepter, avec l’appui des Américains, l’arbitrage de l’Egypte aux mains des Frères musulmans.
Par contre l’autorité Palestinienne, son président Mahmoud Abbas et le Fatah se trouvent complètement marginalisés.
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18/11/2012
La diplomatie du n’importe quoi.
« La France reconnaît la Coalition nationale syrienne comme la seule représentante du peuple syrien et donc comme le futur gouvernement de la Syrie démocratique, permettant d'en terminer avec le régime de Bachar al-Assad » voilà ce qu’a déclaré le Président de la République française ; de quoi faire rigoler Talleyrand dans sa tombe.
Il fut un temps où on ne reconnaissait que les Etats pas les mouvements politiques, c’était avant la diplomatie droit-de-l’hommesque. Personne n’aurait eu l’idée de récuser Hitler ou Staline ; quand un chef d’état ne vous plaisait pas on rappelait son ambassadeur ou on rompait les relations diplomatiques mais on ne le niait pas, on ne récusait pas son existence, car maintenant on se prive de toute possibilité de négociation avec le gouvernement de Bachar al-Assad.
Et qu’a-t-on reconnu ? la « Coalition nationale syrienne », une bande hétéroclite, une clique constituée sous la pression des Etats Unis et du Qatar, n’ayant aucune légitimité démocratique et qui assume donc la responsabilité de toutes les atrocités commises par l’ASL qui valent bien celles du régime d’al-Assad. Une fois arrivée au pouvoir cette belle unanimité va disparaître et les différentes composantes vont s’entredéchirer. Il faut être naïf pour croire Ahmad Moaz al-Khatib quand il déclare que le futur gouvernement que la coalition doit former comprendrait "toutes les composantes de la Syrie", notamment des "chrétiens et alaouites". Comme dit M Westerwelle, le ministre allemand,« tout dépend aussi de la durabilité et de la fermeté de cette coalition ». « Nous voulons voir l'opposition syrienne ouverte à tous (...) et qu'elle reçoive un soutien de l'intérieur de la Syrie, et si elle l'obtient, oui, nous la reconnaîtrons », a commenté, mardi, le chef du Foreign Office, le britannique William Hague.
Le pire est que l’opposition à al-Assad comprend djihadistes et salafistes que nous voudrions bien chasser du Mali, position abracadabrantesque qu’on ne voit pas comment justifier.
D’ailleurs dans cette affaire la France est seule, aucun autre pays occidental à commencer par les Etats Unis, n’a suivi, méfiant à juste titre, après les expériences, irakienne, afghane et libyenne et guère prêt à accorder un tel blanc-seing à la nouvelle structure de l'opposition syrienne. Les Etats-Unis ont même exercé des pressions ces derniers mois sur l'Arabie saoudite et le Qatar pour qu'ils ne livrent pas de missiles antiaériens portables à l'opposition syrienne, de peur que cela ne se retourne un jour contre des intérêts occidentaux.
La France chargée depuis François I de la protection des chrétiens d’orient - il est de son devoir multiséculaire de les défendre - ne se préoccupe pas sous François le Normal de leur devenir qu’on ne peut que redouter.
En voyant notre Président accueillir sur le perron de l’Elysée une bande de marque-mal sans cravate, j’avoue avoir eu honte. Usque non descendam ? De Talleyrand à Kouchner et maintenant Fabius on gouverne avec des bons sentiments mal placés. Et en plus on veut accueillir un ambassadeur. De quoi ?
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16/11/2012
J'y vais ou j'y vais pas: au Mali?
La décision d’intervenir au Mali pour éradiquer le terrorisme du nord du pays, n’est pas facile à prendre. En y allant nous risquons la vie des six otages français, détenus par les islamistes, si nous n’y allons pas nous perdons notre crédibilité auprès des pays d‘Afrique où nous avons encore influence et intérêts.
Une force constituée de détachements de la CEDEAO entrainée par nos soins sera certainement capable de reconquérir les villes, Tombouctou, Gao… mais les bandes gangstero-islamistes se disperseront dans le désert, où seul l’appui des Touaregs permettrait de les poursuivre. Comme l’explique Bernard Lugan dans son blog, cet appui ne pourra être acquis que moyennant un changement politique du Mali leur assurant une large autonomie :
« Dans sa conférence de presse du mardi 13 novembre, François Hollande a marché sur des œufs quand il a parlé de la question du Mali. Il sait en effet très bien que si nous intervenons, nos malheureux otages seront assassinés mais que, si nous n’intervenons pas, nous perdrons le peu d’influence qui nous reste encore sur le continent...
Face à ce dilemme, son choix peut ainsi être résumé: nous n’intervenons pas mais nous allons former ceux qui vont intervenir…en espérant que cette argutie permettra d’éviter de froisser les Algériens qui ne veulent pas entendre parler d’une action française...
Or, ce que le président de la République ne semble pas avoir compris c’est qu’une opération militaire ne se construit pas comme une synthèse entre divers courants, à l’image de ce qui se fait lors des congrès du parti socialiste. En la matière, alors qu’il faut des objectifs clairs et des moyens adaptés, nous sommes au contraire dans le flou. En effet:
1) Si l’expédition de la CEDEAO a pour seul but d’en revenir à la situation antérieure, c'est-à-dire permettre au sud Mali de continuer à coloniser le nord Mali, rien ne sera réglé. Une intervention qui ne serait pas précédée du règlement politique de la question touareg ne ferait en effet que reporter le problème tout en l’amplifiant. Or, rien n’a été décidé quant à la nécessaire réorganisation administrative du Mali après la reconquête de ses villes du nord car les responsables français ont été incapables d’imposer à Bamako un véritable fédéralisme ou mieux, un confédéralisme, en échange de l’intervention militaire.
2) Sans un étroit « coaching » français, la force de la CEDEAO qui va se lancer à la « reconquête » du nord Mali sera militairement incapable de mener l’opération à son terme, c'est-à-dire jusqu’à l’éradication des groupes gangstéro-islamistes qui occupent la région.
Entendons-nous bien : reprendre Tombouctou et Gao ne posera aucun problème à ce mini corps expéditionnaire ; d’autant plus que les terroristes refuseront un choc frontal et se replieront dès le début de l’offensive pour se diluer dans le désert. Comme leur poursuite n’est pas à la portée des troupes de la CEDEAO, le problème aura simplement été déplacé ; notamment vers le Nord, et c’est très précisément ce que ne veut pas l’Algérie.
Pour que l’expédition qui se prépare soit une réussite, pour éviter que les groupes terroristes contaminent tout le Sahara et toute la bande sahélienne, il est donc impératif de les fixer afin de pouvoir les éliminer. C’est pourquoi les forces françaises doivent être directement engagées. Sans compter que, même pour la reprise des villes du Nord, leur présence effective est une nécessité, ne serait-ce que pour donner un minimum de cohésion à des forces disparates, pour éventuellement être en mesure de les « engerber » et de leur fournir une colonne vertébrale.
Le président de la République ayant clairement déclaré lors de sa conférence de presse que tout cela était hors de question, il est donc d’ores et déjà possible d’annoncer que la question du terrorisme sahélien fera encore l’actualité dans les prochaines années. (Bernard Lugan 14/11/12)
Reste l’hypothèse d’une action conjointe avec l’Algérie qui serait certainement ce qu’il y aurait de plus efficace mais nécessite une modification radicale de nos rapports avec ce pays. On peut quand même rêver. Le temps de la réconciliation est peut être arrivé ?
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