16/11/2012
J'y vais ou j'y vais pas: au Mali?
La décision d’intervenir au Mali pour éradiquer le terrorisme du nord du pays, n’est pas facile à prendre. En y allant nous risquons la vie des six otages français, détenus par les islamistes, si nous n’y allons pas nous perdons notre crédibilité auprès des pays d‘Afrique où nous avons encore influence et intérêts.
Une force constituée de détachements de la CEDEAO entrainée par nos soins sera certainement capable de reconquérir les villes, Tombouctou, Gao… mais les bandes gangstero-islamistes se disperseront dans le désert, où seul l’appui des Touaregs permettrait de les poursuivre. Comme l’explique Bernard Lugan dans son blog, cet appui ne pourra être acquis que moyennant un changement politique du Mali leur assurant une large autonomie :
« Dans sa conférence de presse du mardi 13 novembre, François Hollande a marché sur des œufs quand il a parlé de la question du Mali. Il sait en effet très bien que si nous intervenons, nos malheureux otages seront assassinés mais que, si nous n’intervenons pas, nous perdrons le peu d’influence qui nous reste encore sur le continent...
Face à ce dilemme, son choix peut ainsi être résumé: nous n’intervenons pas mais nous allons former ceux qui vont intervenir…en espérant que cette argutie permettra d’éviter de froisser les Algériens qui ne veulent pas entendre parler d’une action française...
Or, ce que le président de la République ne semble pas avoir compris c’est qu’une opération militaire ne se construit pas comme une synthèse entre divers courants, à l’image de ce qui se fait lors des congrès du parti socialiste. En la matière, alors qu’il faut des objectifs clairs et des moyens adaptés, nous sommes au contraire dans le flou. En effet:
1) Si l’expédition de la CEDEAO a pour seul but d’en revenir à la situation antérieure, c'est-à-dire permettre au sud Mali de continuer à coloniser le nord Mali, rien ne sera réglé. Une intervention qui ne serait pas précédée du règlement politique de la question touareg ne ferait en effet que reporter le problème tout en l’amplifiant. Or, rien n’a été décidé quant à la nécessaire réorganisation administrative du Mali après la reconquête de ses villes du nord car les responsables français ont été incapables d’imposer à Bamako un véritable fédéralisme ou mieux, un confédéralisme, en échange de l’intervention militaire.
2) Sans un étroit « coaching » français, la force de la CEDEAO qui va se lancer à la « reconquête » du nord Mali sera militairement incapable de mener l’opération à son terme, c'est-à-dire jusqu’à l’éradication des groupes gangstéro-islamistes qui occupent la région.
Entendons-nous bien : reprendre Tombouctou et Gao ne posera aucun problème à ce mini corps expéditionnaire ; d’autant plus que les terroristes refuseront un choc frontal et se replieront dès le début de l’offensive pour se diluer dans le désert. Comme leur poursuite n’est pas à la portée des troupes de la CEDEAO, le problème aura simplement été déplacé ; notamment vers le Nord, et c’est très précisément ce que ne veut pas l’Algérie.
Pour que l’expédition qui se prépare soit une réussite, pour éviter que les groupes terroristes contaminent tout le Sahara et toute la bande sahélienne, il est donc impératif de les fixer afin de pouvoir les éliminer. C’est pourquoi les forces françaises doivent être directement engagées. Sans compter que, même pour la reprise des villes du Nord, leur présence effective est une nécessité, ne serait-ce que pour donner un minimum de cohésion à des forces disparates, pour éventuellement être en mesure de les « engerber » et de leur fournir une colonne vertébrale.
Le président de la République ayant clairement déclaré lors de sa conférence de presse que tout cela était hors de question, il est donc d’ores et déjà possible d’annoncer que la question du terrorisme sahélien fera encore l’actualité dans les prochaines années. (Bernard Lugan 14/11/12)
Reste l’hypothèse d’une action conjointe avec l’Algérie qui serait certainement ce qu’il y aurait de plus efficace mais nécessite une modification radicale de nos rapports avec ce pays. On peut quand même rêver. Le temps de la réconciliation est peut être arrivé ?
http://dejudasatartuffelettresaumonde.hautetfort.com
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20/07/2012
Famine au Niger
Le 18 juillet Mahamadou Issoufou, président de la République du Niger, a fait paraître dans Le Monde un article intitulé « Plus de 18 millions de personnes sont menacées par la famine au Sahel » Il y expose ce qu’il faut faire : « Nous avons aussi développé une approche pour mettre fin à ce cycle de la faim. ». Constatant que « plus de six millions de Nigériens manquent de nourriture » il constate que « seuls 45 % des fonds nécessaires sont disponibles. ».
Très justement il remarque qu’il faut chercher des solutions à long terme, améliorer la productivité de l'agriculture, promouvoir l'irrigation et les technologies solaires, moderniser l'élevage, améliorer les infrastructures et protéger l'environnement. « Les Nigériens peuvent et vont nourrir les Nigériens. »
Il préconise, des nouveaux systèmes d'irrigation et d'approvisionnement en eau, des cultures différentes et mieux adaptées, des réserves alimentaires robustes, des marchés mieux régulés et un meilleur réseau de transports pour accroître la production alimentaire.
Fort bien, mais il est quand même étonnant de voir le président d’un pays étranger, indépendant depuis plus de 50 ans exprimer dans un journal ce qu’il doit faire et qui n’a jamais été fait. Peut on le croire ? Remarquons que la République du Niger a connu une suite ininterrompue de coups d’état et en est à la 7e république, que le Niger possède le taux de fécondité le plus élevé du monde, sept naissances par femme en moyenne et est classé 186e sur 187 en indice de développement humain.
Le Niger n’est pourtant pas sans ressource et possède une des mines d’uranium les plus importantes du monde, exploitée par Areva jusqu’à ce que six Français soient pris en otage, quatre le sont encore.
Chaque année ou presque sous l’égide de l’ONU une aide d’urgence est fournie au Niger, c’est arroser le désert et c’est strictement inutile, aggravant même les problèmes démographiques.
Comme d’autres pays de la zone, faute d’une stabilité politique et d’un projet à long terme des investissements nécessaires, éventuellement avec des aides extérieures, le Niger n’atteindra jamais l’autosuffisance. A moins que, comme ailleurs, les chinois débarquent et prennent les affaires en main ce qui sera douloureux.
Ce n’est pas un article dans Le Monde qui fera avancer les choses.
15:54 Publié dans actualites | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : niger, famine, développement, otages