Google Analytics

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/08/2018

Emancipation

Angela Merkel voudrait changer sa stratégie américaine en émancipant l’Allemagne de la tutelle américaine et en passant de la position de vassale à celle de partenaire. Elle a enfin compris, Donald Trump aidant, que l’Europe ne pouvait pas compter sur les Etats Unis pour sa défense et qu’elle était considérée comme une concurrente.

Parallèlement Angela reçoit Vladimir Poutine pour parler vraisemblablement de l’Ukraine, de la Syrie mais aussi du gazoduc Nord Stream 2, pomme de discorde avec les Etats Unis.

De tout cela on ne peut que se réjouir, c’est une prise de conscience qui aurait du être faite depuis longtemps, mais on peut quand même s’étonner que l’Allemagne qu’on croit un farouche défenseur de l’intégration européenne, mène cette réflexion et une nouvelle stratégie, seule, sans consulter ni associer ses partenaires européens paraissant ainsi défendre les seuls intérêts allemands.

Il est inconcevable pourtant que l’Europe et l’Allemagne mènent une politique étrangère divergente et si on souhaite l’alignement une concertation préalable eut été bienvenue, d’autant qu’il va falloir maintenant en tirer les conclusions et prendre les décisions nécessaires : l’Europe devra assurer sa défense et remplacer l’OTAN, qui devrait être dissoute, par une organisation européenne. Ceci nécessite également que chacun, à commencer par l’Allemagne renforce considérablement son effort de défense, s’affranchisse du matériel américain et privilégie l’industrie d’armement européenne.

Le rapprochement souhaitable avec la Russie nécessite l’abandon de l’alignement sur la politique antirusse américaine. Ceci entraine l’arrêt de l’immixtion dans l’affaire ukrainienne et en particulier l’acceptation du rattachement de la Crimée à la Russie, la levée de sanctions contreproductives tant pour la Russie que pour l’Europe.

Cela nécessite aussi que les pays de l’Europe de l’est, notamment la Pologne et les Pays Baltes cessent de considérer la Russie comme une menace.

Il convient même de mettre en place une collaboration économique entre la Russie et l’Europe dont les intérêts sont sur bien des points convergents.

De l’autre coté il faut s’affranchir des inacceptables ingérences américaines dans la politique économique de l’Europe et trouver un moyen de lutte contre le chantage basé sur des lois américaines et la prééminence du dollar. Ceci concerne en particulier l’Iran avec lequel nous devons pouvoir librement commercer tant que ce pays respecte l’accord sur le nucléaire.

Mais cette réorientation de la politique européenne ne peut se faire qu’avec l’accord de tous les pays d’Europe et il est au moins étrange de voir l’Allemagne jouer sa propre partie sans concertation aucune en particulier avec la France.

21/08/2018

Zimbabwe

On parle beaucoup des élections présidentielles au Zimbabwe après le coup d’état mettant fin à 37 ans de pouvoir sans partage de Robert Mugabe et le désastre économique qui s’en est suivi.

J’ai connu le Zimbabwe qui s’appelait alors Rhodésie en 1972-73. C’était sous le gouvernement de Ian Smith qui avait proclamé l’indépendance du pays unilatéralement en 1970. Cela avait déclenché la condamnation de toutes les grandes âmes internationales et la Rhodésie était l’objet d’un blocus sévère par tout le monde sauf l’Afrique du Sud, en particulier il n’y avait plus ni ambassade ni consulat français ce qui compliquait bien la vie de la colonie française.

La Rhodésie était un pays magnifique doté d’un climat agréable étant donné l’altitude entre 1200 et 1600m.

En plus de richesses minières très importantes, or, platine, diamant, chrome…la Rhodésie avait une agriculture florissante et était le grenier à blé de l’Afrique. On y produisait aussi coton, tabac, arachide.

Il y avait aussi le tourisme en particulier aux chutes Victoria sur le Zambèze qui sont plus spectaculaires que celles du Niagara.

Harare s’appelait alors Salisbury et était un ville d’aspect occidental très propre.

Le monde reprochait à Ian Smith d’entretenir l’apartheid. Il est vrai qu’il y avait une séparation raciale entre les blancs qui détenaient le pouvoir et la population noire, mais cet apartheid était infiniment moins marqué qu’en Afrique du Sud, pas de séparation dans les transports, les lieux publics ni dans les hôtels, pour un visiteur rien d’apparent. J’ai un jour interrogé un professeur français à l’université de Salisbury qui me dit qu’il y avait autant d’étudiants noirs que de blancs avec, il est vrai, une population beaucoup plus nombreuse.

A l’époque une rébellion nationaliste entretenue par l’URSS et par la Chine menait une lutte armée sous les couleurs de deux partis regroupant des ethnies différentes le ZANU et la ZAPU.

En 1978 sous la pression internationale Ian Smith met les pouces et signe les accords de Lancaster House mettant au pouvoir la majorité noire.

Robert Mugabe issu du ZANU est au pouvoir de 1980 à 2017, il conduira le pays à la ruine. Sous couleur de réforme agraire il exproprie les fermiers blancs qui détiennent les terres quand on ne les assassine pas. De 4500 fermiers blancs il ne restera en 2005 que 400, les autres ayant émigré. Les terres spoliées sont distribuées à des proches du régime qualifiés d’anciens combattants, qui n’ont ni les connaissances ni le matériel nécessaire. Beaucoup de terres restent en friches.

En 2017 un coup d’état militaire écarte du pouvoir le vieux despote de 93 ans et conduit aux élections actuelles.

Le pays est ruiné, la monnaie n’existe plus, l’inflation dépasse 10 millions % par an, on en revient à une économie de troc et à la marche a pied. S’ y ajoute le SIDA qui décime le pays et en 2009 une épidémie de choléra faisant des milliers de morts.

La réforme agraire, conjuguée à une corruption et à un népotisme généralisés met le pays au bord de la famine.

Emmerson Mnangagwa qui vient d‘arriver au pouvoir après de élections contestées - il fut vice président sous Mugabe - aura bien du mal à redresser le pays où la Chine a de plus en plus d’influence.

Quel gâchis