21/08/2018
Zimbabwe
On parle beaucoup des élections présidentielles au Zimbabwe après le coup d’état mettant fin à 37 ans de pouvoir sans partage de Robert Mugabe et le désastre économique qui s’en est suivi.
J’ai connu le Zimbabwe qui s’appelait alors Rhodésie en 1972-73. C’était sous le gouvernement de Ian Smith qui avait proclamé l’indépendance du pays unilatéralement en 1970. Cela avait déclenché la condamnation de toutes les grandes âmes internationales et la Rhodésie était l’objet d’un blocus sévère par tout le monde sauf l’Afrique du Sud, en particulier il n’y avait plus ni ambassade ni consulat français ce qui compliquait bien la vie de la colonie française.
La Rhodésie était un pays magnifique doté d’un climat agréable étant donné l’altitude entre 1200 et 1600m.
En plus de richesses minières très importantes, or, platine, diamant, chrome…la Rhodésie avait une agriculture florissante et était le grenier à blé de l’Afrique. On y produisait aussi coton, tabac, arachide.
Il y avait aussi le tourisme en particulier aux chutes Victoria sur le Zambèze qui sont plus spectaculaires que celles du Niagara.
Harare s’appelait alors Salisbury et était un ville d’aspect occidental très propre.
Le monde reprochait à Ian Smith d’entretenir l’apartheid. Il est vrai qu’il y avait une séparation raciale entre les blancs qui détenaient le pouvoir et la population noire, mais cet apartheid était infiniment moins marqué qu’en Afrique du Sud, pas de séparation dans les transports, les lieux publics ni dans les hôtels, pour un visiteur rien d’apparent. J’ai un jour interrogé un professeur français à l’université de Salisbury qui me dit qu’il y avait autant d’étudiants noirs que de blancs avec, il est vrai, une population beaucoup plus nombreuse.
A l’époque une rébellion nationaliste entretenue par l’URSS et par la Chine menait une lutte armée sous les couleurs de deux partis regroupant des ethnies différentes le ZANU et la ZAPU.
En 1978 sous la pression internationale Ian Smith met les pouces et signe les accords de Lancaster House mettant au pouvoir la majorité noire.
Robert Mugabe issu du ZANU est au pouvoir de 1980 à 2017, il conduira le pays à la ruine. Sous couleur de réforme agraire il exproprie les fermiers blancs qui détiennent les terres quand on ne les assassine pas. De 4500 fermiers blancs il ne restera en 2005 que 400, les autres ayant émigré. Les terres spoliées sont distribuées à des proches du régime qualifiés d’anciens combattants, qui n’ont ni les connaissances ni le matériel nécessaire. Beaucoup de terres restent en friches.
En 2017 un coup d’état militaire écarte du pouvoir le vieux despote de 93 ans et conduit aux élections actuelles.
Le pays est ruiné, la monnaie n’existe plus, l’inflation dépasse 10 millions % par an, on en revient à une économie de troc et à la marche a pied. S’ y ajoute le SIDA qui décime le pays et en 2009 une épidémie de choléra faisant des milliers de morts.
La réforme agraire, conjuguée à une corruption et à un népotisme généralisés met le pays au bord de la famine.
Emmerson Mnangagwa qui vient d‘arriver au pouvoir après de élections contestées - il fut vice président sous Mugabe - aura bien du mal à redresser le pays où la Chine a de plus en plus d’influence.
Quel gâchis
16:45 Publié dans actualites, Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : zimbabwe, mugabe, ian smith, gachis