19/11/2008
Berlin 1884
Le 19 novembre
Messieurs,
Je n’aurais jamais cru voir Le Monde éternel contempteur des « aberrations coloniales », appeler à la recolonisation du Congo (votre éditorial du 19 novembre « Agir au Nord-Kivu ») et pourtant vous appelez les puissances occidentales, pour la plupart anciennes puissances coloniales, à agir pour séparer les combattants qui s’entretuent au Nord Kivu.
Bien que vous évoquiez la richesse « en minerais et en terres arables », ce conflit est purement d’origine ethnique si bien que je ne vois aucune raison de nous immiscer.
Votre démarche est la même que celle de Jules Ferry appelant à « civiliser les races inférieures » qui conduisit à la Conférence de Berlin en 1884 où le Congo fut partagé en même temps que l’Afrique.
Je ne vois pas ce que nous aurions à y gagner, l’affaire du Rwanda de laquelle nous ne sommes pas encore dépêtrés est suffisamment édifiante : il n’y a que des coups à prendre. Il est vrai que les aberrations démocratiques sont en grande partie à l’origine de tout.
Les guerres ethniques sont endémiques en Afrique, elles contribuent à l’équilibre démographique, c’est peut être triste mais c’est comme ça et je ne vois pas en quoi ça nous regarde.
Considération distinguée
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16/11/2008
Noir c'est noir
le 16 novembre 2008
Messieurs,
La chronique de Véronique Maurus du 16 novembre « Appeler un Noir un Noir », m’a, je l’avoue, bien fait rigoler. Elle se plaint de ne plus pouvoir utiliser des mots tabous comme « noir », « musulman », « juif », définissant couleur de peau, ethnie ou religion .
C’est bien certain et l’on voit chaque jour fleurir des circonlocutions bizarres, comme jeunes, subsahariens, issus de l’immigration… dont on sait très bien ce qu’elles veulent dire.
J’ai personnellement noté « personnes féminines » pour femmes ou « personnes noires » là où il était pertinent d’écrire noirs ou nègres, comme disait Senghor ou Césaire.
Mais enfin qui a créé ce politiquement correct et décidé de s’y soumettre sinon vous même. Personne ne vous oblige à utiliser ces formules ridicules : appelez chat un chat et noir un noir, vos lecteurs s’y habitueront.
Considération distinguée.
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09/11/2008
America is black
le 9 novembre 2008
Messieurs,
L’éditorial dithyrambique que l’élection d’Obama suscite à Eric Fottorino « l’homme qu’il faut » (Le Monde du 6 novembre) est inspiré par le seul fait qu’il soit noir : « America is black ». Je m’étonne qu’un antiraciste déclaré puisse baser la légitimité d’un président sur sa couleur de peau…
Pour le reste vous dites que c’est un pragmatique, façon aimable de dire qu’il n’a pas de programme.
Il a fait des tas de promesses, « réduire les injustices, éduquer, soigner, aider les gens à se loger, à trouver un emploi », ce sont bien sur des paroles verbales également prononcées par son adversaire…
Il s’en est tenu « à de grandes orientations, comptant sur ses facultés de compréhension rapide pour prendre les décisions appropriées », nous voilà bien avancés.
Sans vouloir doucher votre enthousiasme, puis je vous rappeler qu’il a été élu grâce aux fonds collectés qui ont atteint un total jamais connu : 639 millions de dollars.
Qui a payé ? nul ne le sait mais maintenant il va falloir rembourser, d’une façon ou d’une autre : le choix de Rahm Emanuel, citoyen Israélien, comme secrétaire général de la Maison Blanche ouvre une piste de réflexion.
Pour conclure, vous évoquez Kennedy : on sait comment ça a fini.
Considération distinguée.
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