26/09/2020
Deux crash
Le 11 septembre 1968, la Caravelle assurant le vol Ajaccio Nice s’abime au large d’Antibes après que le commandant de bord ait signalé des problèmes. A bord se trouvaient 95 personnes dont 13 enfants et 6 membres d’équipage. L’enquête conclura à un incendie à bord, probablement le feu dans les toilettes.
Et puis un journaliste en mal de sensationnel s’avisera de la présence sur l’ile du Levant du Centre d’essais de la Méditerranée qui procède à des essais de missiles. Immédiatement il lance l’idée d’un missile qui se serait égaré et aurait abattu la Caravelle. Cette hypothèse nécessiterait la complicité des dizaines de personnes suivant le missile pendant son vol, des centaines personnes présentes sur l’ile, de l’amiral Préfet maritime et de Monsieur Debré ministre des armées qui affirma que le centre d’essais était fermé ce jour là, un scandale d’Etat. Qu’importe, l’affaire prospère au fil des ans au point qu’en 2008 soit 40 ans après, un nommé Verne descendant du grand Jules, publie un livre intitulé « Secret d’état » où on falsifie les documents, on rencontre des barbouzes en imperméables saisissant des pièces à conviction, le délire mais cela prend.
Une association des familles des victimes présidée par un nommé Paoli, obtient l’année dernière du Président de la république qu’on lève le secret d’état, cette année elle est reçue par le Procureur de la République de Nice. L’association demande qu’on recherche l’épave comme celle de la Minerve.
Cinquante deux ans de calomnies et d’affabulations, combien d’années encore ?
Le 6 avril 1994 deux missiles abattaient le Falcon du président du Rwanda, Habyaramana, alors qu’il atterrissait à Kigali, capitale du Rwanda. Cet attentat déclenchait les massacres interethniques qui firent 800 000 morts. Le Tribunal Pénal International pour le Rwanda qui avait la charge de rechercher les responsables des massacres se fit interdire par les Etats Unis et la Grande Bretagne, partisans des Tutsis du général Kagamé d’enquêter sur l’attentat. L’affaire reprit quand l’équipage français du Falcon 50 porta plainte. Le juge Bruguière au terme de son enquête émit en 2006 9 mandats d’arrêt internationaux à l’encontre de proches du général Kagamé. Il faut dire qu’un rapport rédigé à la demande de la Présidente du TPIR donnait le type et l’origine des missiles, des SA 16 Igla russes provenant d’Ouganda, comment ils avaient été acheminés par les troupes de Kagamé, l’emplacement du tir et les noms des deux tireurs.
En 2007 l’enquête fut reprise par le juge Trévidic qui envoya interroger des témoins, après 15 ans, procéda à des reconstitutions et des simulations auxquelles les simplifications enlevaient toute valeur. Il en concluait contre toute évidence que le tir pouvait provenir des Hutus. En 2018 le juge Herbaut estima ne pas avoir de charges suffisantes et demanda un non lieu. Le 21 décembre 2018 le non lieu fut prononcé 24 ans après les faits.
Voilà qui faisait bien l’affaire du pouvoir politique français qui cherchait à se rapprocher de Kagamé et voilà comment on enterre un crime sur lequel on sait tout.
Finalement la vérité est bien ce que l’on veut qu’elle soit.
15:12 Publié dans actualites, Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : caravelle ajaccio nice, ile du levant, missile, rwanda, kagamé, tutsi, hutu
09/09/2020
L'affaire Navalny
Je ne sais pas si Poutine est mêlé à l’empoisonnement de Navalny mais je trouve incroyable que des chefs d’état accusent sans preuve un autre chef d’état d’un tel crime.
L’action politique d’Alexei Navalny, présenté comme principal opposant au président Russe, ne semblait pas compromettre la stabilité du régime et il est curieux de l’empoisonner en utilisant un agent « signé » comme le Novitchock. Curieux aussi que Poutine ait laissé Navalny être transféré à Berlin si c’est lui qui avait ordonné l’empoisonnement, alors qu’il était soigné à Omsk où il suffisait de le laisser mourir.
Le problème est que Navalny ne s’en prenait pas uniquement à Poutine mais que cet emmerdeur luttait contre la corruption et dénonçait par exemple la main mise de la mafia sur la ville sibérienne de Novossibirsk. Il devait en déranger plus d’un et avait été déjà agressé à plusieurs reprises, y compris physiquement. On pourrait donc chercher ailleurs que chez Poutine.
Le plus étonnant est que les pays bienpensants reprochent surtout d’avoir utilisé une arme chimique interdite. Evidement le Mossad n’utilise jamais des méthodes aussi indignes et les Etats Unis préfèrent l’assassinat sélectif à l’aide de drones.
Ce qui m’étonne aussi c’est qu’on utilise encore le Novitchock dont l’efficacité me semble médiocre, Navalny va s’en tirer comme ont survécu Sergueï Skripal et sa fille empoisonnés par deux agents du GRU. L’affaire s’était soldée par une grave crise diplomatique et l’expulsion croisée de 120 diplomates.
Mais ce qui est incroyable c’est que cette médiocre affaire commence à avoir des conséquences sans commune mesure, en particulier sur le plan économique. L’Allemagne, encouragée par la France commence à envisager des sanctions allant jusqu’à l’arrêt de la construction du gazoduc Nord Stream 2, destiné à alimenter l’Allemagne en gaz russe pour compenser l’abandon du nucléaire et du charbon.
Ce tuyau de 2 460 km de long est quasi terminé, il ne manque plus que 160km. Le plus amusant est que Trump fait tout pour s’opposer à la réalisation de Nord Stream 2 qui lui fait concurrence. Je n’irai pas toutefois à accuser la CIA de l’empoisonnement de Navalny.
15:45 Publié dans actualites, Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : navalny, poutine, novitchock, corruption, nord stream22