Google Analytics

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/01/2012

Mururoa : le coût écologique des essais nucléaires.

 

Mururoa : le coût écologique des essais nucléaires.

 

Je ne pense pas que votre reporter (Le Monde du 18 janvier 2012) se soit rendue à Mururoa, sinon elle est d’une certaine mauvaise foi. C’est vrai qu’il y a ici et là des installations en béton, mais l’ensemble de l’atoll n’est guère ravagé et on s’est toujours baigné dans le lagon.

Il n’empêche que Mururoa est devenu un dépôt nucléaire de fait et il devra rester définitivement inhabité et surveillé.

Cela ne changera pas grand’ chose, Mururoa et Fangataufa n’ont jamais été habités. Aussi il faut bien admettre que votre citation :"Chez nous aux Tuamotu, l'île est notre mère nourricière et aujourd'hui elle est morte" est apocryphe ou inadaptée.

Le retour des atolls au Territoire a toujours été prévu et la convention de cession prévoyait : "au cas de cessation des activités du Centre d'expérimentations du Pacifique, les atolls de Mururoa et de Fangataufa feront d'office retour gratuit au domaine du territoire dans l'état où ils se trouveront à cette époque, sans dédommagement ni réparation d'aucune sorte de la part de l'État".

Si on devait suivre à la lettre ces dispositions la situation serait parfaitement claire : à partir du moment où l'État français n'a plus besoin des deux atolls, il les redonne au Territoire, dans l'état où ils se trouvent, à charge pour les autorités de la Polynésie française de régler tous les problèmes qui pourraient survenir.

Ce n’est pas du tout ce qui se passe:

Le Gouvernement français a décidé de passer avec la Polynésie une convention pour le renforcement de l'autonomie économique, destinée en fait à atténuer le choc économique qu'ont produit l'arrêt définitif des essais nucléaires et la fermeture du CEP. Pour ne pas trop pénaliser l'économie du territoire, l'État s'est ainsi engagé à verser chaque année jusqu'en 2006 une enveloppe de 990 millions de francs, cette allocation a depuis été pérennisée.

Donc quand le sénateur Richard Tuhieava declare: “La restitution est une manière d'apaiser les blessures psychologiques" causées par la période nucléaire, il exagère un peu: l’ère du Centre d’Essais du Pacifique a été un age d’or pour la Polynésie et a permis un développement rapide et l’enrichissement de la population.

De plus la France assure la surveillance radiologique de l’atoll et des eaux environnantes.

Jusqu’à maintenant l’accroissement de la radioactivité naturelle de l’océan par la radioactivité artificielle a toujours été très faible et parfaitement négligeable à Tureia, l’atoll le plus proche.

Le glissement de terrain envisagé ne concerne que l’anneau corallien et non le basalte où les tirs ont été effectués et n’entrainerait aucune matière radioactive dans l’océan.

Seulement, la Polynésie souffre d’une instabilité politique chronique et de constants changements de présidents. Mr Tong Sang a été remplacé depuis pas mal de temps par Mr Témaru qui se dit indépendantiste. Les finances de la Polynésie sont dans un triste état.

Votre évocation de Hao où il n’y a jamais eu la moindre activité nucléaire et où la population est restée sur place est parfaitement ridicule. La dépollution doit concerner le démantèlement de la base aérienne, il ne faut pas tout mélanger.

Quoiqu’il en soit il est vrai que Mururoa constitue un dépôt de matières radioactives de fait et le restera. Il y a longtemps que je milite pour que cet atoll isolé dans un désert océanique soit utilisé comme site d’enfouissement des déchets nucléaires Haute Activité provenant de l’usine de la Hague plutôt que de créer à Bure dans la Meuse un site dans une zone de forte densité de population pour un coût astronomique, on parle de 35 milliards d’euros, le prix de 6 réacteurs EPR.

Ce serait une ressource importante et pérenne pour la Polynésie. Mais jusqu’à maintenant je prêche dans le désert.

Les commentaires sont fermés.