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20/12/2019

Usine à gaz

Si le but principal du gouvernement était d’avoir la peau des régimes spéciaux, qui ne sont absolument plus justifiés et coutent un « pognon dingue » c’est raté. Plutôt que de traiter simplement et ouvertement le problème, ce qui aurait provoqué certainement des mouvements de grèves identiques aux actuels mais qui n’aurait probablement pas recueilli de soutien populaire, le gouvernement a préféré noyer le poisson dans une refonte totale du régime des retraites. Cette façon de faire a déclenché, probablement à juste titre, l’inquiétude et le refus des futurs retraités, le pouvoir ayant perdu toute crédibilité comme l’a démontré amplement le mouvement des gilets jaunes. Deux ans de négociation avec les corps intermédiaires - on se demande à quoi sert le parlement - n’ayant conduit à rien, le gouvernement a choisi l’époque de Noël pour dévoiler un projet qu’on peut qualifier de fumeux au point de provoquer l’opposition générale et non seulement celle des bénéficiaires de régimes spéciaux à l’évidence abusifs.

L’argument du gouvernement était qu’il y avait 42 régimes de retraites différents et qu’il convenait de les unifier en un seul régime général. Parmi ces régimes on trouve des caisses indépendantes, gérant les retraites de certaines professions généralement libérales, avocats, ingénieurs, médecins, qui ne coutent pas un sou à la collectivité. La fusion de ces régimes en un système unique entrainerait hausse des cotisations et diminution des retraites, bien entendu les intéressés s’y opposent.

On trouve aussi parmi les régimes particuliers, les retraites de certaines professions qui ne peuvent rentrer dans le système général, en particulier pour l’âge de la retraite. Peut on demander aux danseurs de l’opéra et aux marins pêcheurs d’exercer jusqu’à 62 ans ? bien sur que non. On ne peut non plus envisager, les militaires, les policiers, les pompiers restant au service jusqu’à cet âge.

Il va donc falloir tenir compte dans un régime dit général de toutes les particularités et avantages acquis, le transformant en usine à gaz, toutes les dérogations faisant l’objet d’une foire d’empoigne pour la défense des différents intérêts catégoriels. La fin des régimes spéciaux ne se fera que sur des décennies, déjà le gouvernement a cédé aux policiers, promis une revalorisation du salaire des enseignants. Finalement on peut craindre que l’ensemble n’entraine une baisse générale des retraites et des injustices comme celles que doivent subir les mères de famille nombreuse.

On suivra avec intérêt l’évolution du régime de retraite des sénateurs dont la caisse dispose d’une cagnotte de l’ordre d’un milliard d’euros constituée au fil des ans sur fonds publics. Le président du Sénat s’appuie sur le principe de la séparation des pouvoirs exécutif et législatif, pour dire que c’est à lui de décider d’une éventuelle évolution du régime des retraites des sénateurs ; avec de tels arguments on peut craindre que nous ne soyons pas sortis de l’auberge.

 

 
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